mardi 10 décembre 2013

8.12.2013 — Jour 3

5.30, j’ai gagné une heure de sommeil ! Les coqs en liberté dans la palmeraie chantent, nous réveillant tous les deux. 50 minutes plus tard le soleil commence à se lever, et nous nous installons dehors pour prendre notre petit déjeuner. C’est pratique de tout avoir à disposition. Nous nous disons que c’est vraiment mieux que le buffet impersonnel de l’hôtel (qui est peut-être très bon, mais rien ne vaut notre indépendance).


Je profite de la pause post-prandiale pour me rendre à  l’accueil, dans l’espoir d’un peu d’internet. Mon ordinateur portable ne veut pas, mais le téléphone lui est bien relié au réseau. Je passe donc mes coups de fil vers la France, il y est 13h30, tout le monde est réveillé aussi (j’espère !). La famille et les chats vont bien. Le temps de regarder la météo pour les prochains jours (et tenir compte de l’alerte vigilance orage orange sur toute l’île), je remonte tranquillement à l’appartement, baigné dans une douce odeur de cuisson : moment propice pour faire son sort à une autre noix de coco ! 


Celle-ci renferme plus de jus, j’espère en récupérer plus que la veille. Quand j’arrive enfin à bout de la chair fibreuse, je constate qu’une grosse ampoule sur mon index a éclaté, mettant la couche sous-cutanée à nu, je passe donc le relais ! Il fautait investir dans une bonne machette histoire de ne pas se ruiner les mains. Une fois libérée de son enveloppe, elle a droit à son tour à un gros coup de caillou, et se brise instantanément. La majeure partie de l’eau de coco est sauvée et est incorporée à la soupe. Pour ce qui est de la chair, elle est fermentée, la noix était déjà fendue et le plus gros est immangeable, malheureusement. Elle régale cependant nos visiteurs :


Il y a peu de choses à faire sur place avec ce temps magnifique alternant pluie torrentielle et coups de tonnerre… Du coup on envisage de prendre la voiture (bah oui, quoi de mieux qu’une route de montagne bien raide et trempée), et de retenter notre chance pour le marché de Pointe Noire, mais sans se faire d’illusion, on est dimanche après tout. Nous passons donc au même endroit que la veille, trois pêcheurs sont là et proposent du poisson à la coupe. Mais nous voulions encore aller voir un peu plus loin en direction du Sud, on se dit qu’au pire si on ne trouve rien on repassera chez eux. La route continue et on se retrouve à Pointe Noire. La ville est assez grande, quelques commerces de base sont ouverts. Nous finissons par arriver à la Maison du Cacao, située après la sortie du village.


L’accueil de ce musée du cacao se situe dans une maison créole traditionnelle : en bois sombre, ouverte de tous les côtés. Formalités d’entrée réglées, nous entrons dans un jardin peuplé de cacaotiers de part et d’autre d’un chemin bétonné. Les cosses sont vertes, oranges et rouges. 


Je fais remarquer qu’on se croirait dans Minecraft, en un peu plus réel cela dit. Des cabanes successives abordent différents points sur la culture du cacao, son histoire, ses propriétés. Une version anglaise (ou plutôt une version créole de l’anglais ?) aborde dans les grandes lignes ce qui est expliqué en français. Un texte sur les différentes substances du cacao (sérotonine, caféine…) renferme nombre de références coquines et parle de nuits de libertinage, je me demande comment les parents expliquent ça à leurs bambins ! Un peu plus loin nous nous prenons en photo en couple de cultivateurs de cacao, photo très réaliste, mais je vous laisserai en juger.


Notre visite autonome touche à sa fin, le moment de la dégustation est enfin venu ! Le groupe de visiteurs s’agglutine autour de la guide qui explique les différentes étapes de transformation de la cosse : cueillette, épluchage, fermentation, séchage, torréfaction, broyage. Le premier produit comestible est l’amande torréfié, qui est très friables et renvoie directement aux éclats de cacao insérés dans les tablettes du commerce. L’amande broyée étant relativement grasse (50%), en sort une pâte qu’on peut trouver sur les marchés de Guadeloupe sous forme de bâtonnet à râper pour la préparation du chocolat chaud. Cette pâte, adjointe de sucre, est le chocolat. 


Ne sont à déterminer que les proportions, idéalement autour de 70%, le reste en sucre, avec éventuellement des épices. On nous sert le chocolat sous forme de boisson chaude, l’arôme est puissant, rond et très agréable. Puis une liqueur brune et sirupeuse à 22° très agréable (préparation à base de cacao — sans déconner —, de rhum, de vanille… un peu la synthèse du meilleur de l’île), on va en acheter ! Puis nous testons les différents chocolats à la vente, du classique noir 70% à 90%, au noir sésame, noir pimenté, noir gingembre, lait. Nous terminons la visite par le passage en boutique et repartons avec quelques produits. J’ai comme le sentiment qu’il faudra y retourner avant la fin du séjour !


Nous repartons, dans l’idée de nous rendre à la caféière, une production artisanale dans les environs. Nous avons beaucoup de mal à trouver la route qui y mène et finissons par gravir une route extrêmement raide dans la montagne. Ça n’en finit plus de monter, la pente est très raide et parfois même en 1ère ça ne suffit pas… Nous ne trouvons pas, sans manquer d’éveiller la curiosité des riverains. Mais nos sourires nous sommes rendus, ce qui vérifie cette dite „relation miroir“ évoquée dans le Guide Vert. Nous tentons notre chance sur la route suivante que nous croyons être la bonne, cependant encore plus raide et plus impraticable que la précédente. Retour sur la route nationale, plus en sûreté. Nous renonçons à nos tentatives d’accès à la culture, c’est plus sûr ! Sur le chemin du retour, tout est fermé, et la pluie se déverse à un tel rythme que les essuie-glace ne suivent plus… mais les réflexes de conduite en montagne revenant, je me sens de plus en plus à l’aise. Passage par Deshaies, tout est également fermé, ne reste plus que la supérette de la station service à Grande Anse.


Nous y trouvons la majorité des produits dont on pourrait avoir besoin, mais tout est encore plus cher que dans le boui-boui de la veille à Ferry ! Du coup on se contente de prendre un sachet de poudre pour préparer des accrus de morue, des crackers sucrés à base de manioc, et quelques bières. Sous la pluie battante, nous regagnons la voiture plus l’hôtel, et rapatrions nos courses dans les hauteurs de notre appartement. FAIM ! 



La soupe de courges à l’eau de coco préparée avec amour le matin même et prête, boulettes de polenta de la veille, accrus qui frémissent dans l’huile, un repas délicieux, durant lequel nous recevons la visite des volailles responsable de notre réveil matinal, tandis que des lézards continuent de se prélasser sur les murs de notre terrasse. Le temps, toujours pluvieux, est propice à l’écriture (et la traduction), tout en savourant quelques uns de nos achats du jour.


La nuit commence à tomber, nous avons envie de tester un restaurant dans les environs (et surtout, pas envie de cuisiner !). Nous avons deux restaurants qui sont recommandés par le guide Lonely Planet et le guide Michelin qui sont fortement recommandés. L’un est fermé, l’autre introuvable. Nous allons du coup dans celui qui est recommandé en second par les deux guides : L’Amer. L’ambiance est chaleureuse, la décoration simple et plaisante : blanc, jaune et bleu, cordages, peintures murales aux motifs marins. Notre table est au bord de la terrasse et donne directement sur la courte plage, les vagues vont et viennes sous nos pieds. Nous optons pour le menu entrée-plat-dessert, avec les traditionnels accras et le boudin antillais, l’assiette 3 poissons ou le poulet colombo, et le pudding coco ou la compote banane caramel salé. C’était un bon repas avec un rapport qualité prix tout à fait honnête.

Nous rentrons à l’appartement, et je redescends à l’accueil pour m’occuper de la mise en ligne de ces récits ! Une fois terminé, il est 22h30, je vais me coucher en espérant une belle journée pour demain. Nous allons visiter Pointe-à-Pitre.

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